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Florian et Michaël Quistrebert : hyper-peinture

Florian et Michaël Quistrebert : hyper-peinture

Lumineux, excessif, étourdissant : le travail des deux frères Florian et Michaël Quistrebert est protéiforme et inclassable. À l’image de Stripes Painting S2E7, que détient la Collection, ils mobilisent contrastes, effets de matière et obscurité pour un effet maximum, qui leur a valu en 2014 une nomination au prix Marcel Duchamp, et en 2016, une grande exposition au Palais de Tokyo. Alors qu’ils s’emparent du Centre de création contemporaine Olivier Debré à Tours pour un nouveau projet, ZigZag, composé de peintures et d’installation vidéo créées pour l’occasion, focus sur une œuvre duelle, réalisée à quatre mains…

 

 

Maximalisme et simplicité

Depuis la fin de leurs études à Nantes, où ils sont nés, c’est en effet ensemble que les frères Quistrebert ont décidé de créer : tout d’abord quelques expérimentations avec le dessin et la figuration, puis des peintures abstraites, des vidéos et des installations qui incorporent lumières et matériaux divers (toile de jute, LED, laque pour carrosserie…). Souvent imposantes, leurs œuvres gardent la trace d’une approche qui se veut transparente, volontairement low tech. Quant au travail en duo, double bénéfice à leurs yeux : un recul et une assurance que le travail en solitaire ne permet pas, et une liberté et un côté « fait maison » impossible à conserver en équipe. Préférant la création organique au concept, ils intègrent au processus créatif superpositions et hasards, comme ceux qui les ont conduits à utiliser de la javel (« Bleach », 2010) ou de la bière (« Beer splash », 2013).

 

Traditions et ruptures

Car les Quistrebert se plaisent à utiliser des matériaux pas toujours nobles et à frôler délibérément le kitsch, créant une œuvre à la fois irrévérencieuse et typiquement post-moderne. Prenant à revers les figures imposées de l’art conceptuel, ils revendiquent un art simple et efficace : « Pas de long discours ni de statement, sinon c’est raté. » Mais pas de table rase pour autant ; les allusions à l’histoire du modernisme notamment sont nombreuses : Op art de Vasarely (série « God », 2013), lyrisme abstrait de Nicolas de Staël (l’explicite Chrome de Stael, 2010), cubisme (« Soccer Cup », 2012)… Elles côtoient celles, beaucoup plus quotidiennes, aux clips de trance Goa (série de vidéos « Danse macabre », 2018) ou aux carrosseries rutilantes du tuning (« Overlight », 2015). De quoi rafraîchir radicalement la tradition de l’abstraction.

 

Brutalité et légèreté

Pour Florian et Michaël Quistrebert, un objectif : agir corporellement, viscéralement sur le public. D’où un double mouvement à la fois d’épure – le travail des deux frères exclut toute ornementation – et d’intensification, au point revendiquer vouloir « brutaliser la rétine » : « Nous voulons pousser la peinture vers un état de crise. Cela passe par la saturation, l’excès ou le gigantisme, pour montrer quelque chose d’opposé, de plus subtil et invisible. C’est de la peinture et ce n’est pas de la peinture. Peut-être est-ce plutôt de l’hyper-peinture, car nous tentons d’en saturer les fondamentaux, de forcer les idées de lumière, matière, format, mouvement, perception, à déborder d’elles-mêmes », expliquent-ils. Le duo, dont la prédilection pour les jeux entre réel, imaginaire et virtuel est déterminante, invite donc a un dépassement des limites de la peinture, mais aussi de celles du spectateur, éblouit par la lumière, écrasé par la monumentalité des installations, hypnotisé enfin pour une expérience qui touche au psychédélisme. Vertigineux.

 

À voir > au Centre de Création Contemporaine Olivier Debré, Jardin François 1er, 37000 Tours

 

Du 25 mai au 11 novembre 2019 

Du mardi au dimanche de 11h à 19h (nocturne jusqu’à 21h le jeudi)