LES IRRADIES

Qui voudrait assigner à résidence les peintures et dessins de Jérôme Borel se précipiterait sur son Larousse de l’art du XXème siècle, et dresserait en toute hâte un arbre généalogique où l’on trouverait sans doute les noms de Bacon ou de Richter en tête de liste. Autodidacte en peinture, historien de formation, Jérôme Borel s’est en effet choisi dans la modernité de ces maîtres, dont il aisé de repérer la trace dans son œuvre. Mais si Borel n’a pas cherché à effacer dans ses toiles le souvenir de ceux qui l’ont marqué, c’est tout simplement parce qu’il n’est pas victime de l’exaspérante superstition du présent qui a érigé la nouveauté en valeur esthétique cardinale. Il n’a pas besoin de dissimuler son héritage, parce qu’il sait que nous sommes tous héritiers, que les images sont affaire de mémoire, que l’opération non seulement de la peinture, mais tout simplement du regard est toujours une greffe de souvenirs sur la réalité visible.